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De grève en grève…
Pour faire pression sur un texte qui reconnaît de nouveaux droits aux citoyens dans leur usage du système de santé, une nouvelle grève des médecins survient à 48 heures de la 2ème lecture à l’Assemblée nationale de la loi de modernisation de notre système de santé.
Quoi de neuf ?
Aucune des réformes précédemment votées ne se faite avec le soutien des médecins. Ils n’ont pas aimé la loi Kouchner, ni la loi Bachelot. Sans doute considèrent-ils que la loi est illégitime à intervenir dans le domaine des soins de ville. Curieux, mais pas nouveau. Plus surprenant est le niveau des attaques contre l’Etat et ceux qui soutiennent les avancées de ce projet de loi.
Une grève contre les droits des gens !
Le tiers payant est l’objet de nombreuses attaques. Au prétexte qu’il signerait la fin de l’indépendance médicale. Mais, c’est une insulte aux autres professions de santé qui exercent avec un tiers payant : l’essentiel de la radiologie en France, par exemple. Ces radiologues interprètent avec la même indépendance un cliché !
Le tiers payant est envisagé pour réduire le renoncement aux soins. Faut-il rappeler que 17 % de nos concitoyens déclarent avoir été amenés à renoncer à des soins en raison de l’avance de frais ? Et que ce chiffre grimpe à 24 % chez les moins de 35 ans et chez les personnes ayant un revenu inférieur à 1. 500 euros/mois. Etre contre le tiers payant, c’est donc être contre l’accès aux soins. Belle performance !
L’alternative ?
Il n’y en a pas. Celle qui est proposée par les médecins consiste à dire : « Laissez moi apprécier tout seul si je peux faire la dispense d’avance de frais ». Autrement dit, il faudra expliquer au médecin que l’on est impécunieux. Là où l’Assurance maladie avait permis de débarrasser la relation médecin-malade de toute charité, voilà que 70 ans après la création de la Sécurité sociale on se propose de lui garantir un retour circonstancié. Forcer le patient à avouer sa pauvreté pour obtenir la dispense d’avance de frais ne grandira pas les médecins. Cela n’améliorera pas non plus la relation médecin-malade.
En attendant, tout bouge… par ailleurs.
Réclamer que rien ne change ou préparer l’avenir. Voilà l’alternative. Car pendant ce temps-là tout évolue. A force de ne pas résoudre les déserts médicaux, les patients vont se satisfaire des télé-consultations offertes par leurs complémentaires, quand ce ne sera pas par l’hôpital. Faut-il rappeler que près de 50 % des métiers vont être impactés par la révolution numérique, y compris les métiers de la santé ? De nouvelles solutions thérapeutiques émergent qui combinent le médicament, le dispositif médical, le numérique, les nano-technologies et la génomique : et il faudrait ne rien changer, alors que les maladies chroniques explosent et que les modes de prise en charge évoluent à grande vitesse réclamant des transferts de compétences et des nouvelles organisations de soins ?
La Grande conférence de santé est en préparation pour envisager ces multiples défis dont les solutions croisent à de nombreuses reprises les conditions de l’exercice médical. Les organisations de médecins ont choisi de ne pas s’y impliquer. C’est tellement dommage. Car c’est l’avenir qu’il faut préparer. Celui de la médecine et celui de nos concitoyens qui payent pour un système de santé qu’ils voudraient bien voir déployé convenablement pour résoudre leurs problèmes de santé.
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