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Citoyens de seconde zone ?
07/06/2011 16:01 par Admin Admin
Le 8 juin, le gouvernement réunit, en présence du président de la République et de nombreux ministres, la deuxième conférence nationale du handicap, afin, notamment, de dresser un bilan des conditions de vie de près de 10 millions de français. Les discours de satisfaction des pouvoirs publics et les attentes fortes exprimées par les personnes handicapées, dont les conditions d'existence restent discriminantes, risque de présenter un décalage important et être source d'une forte déception.
La loi du 11 février 2005 sur la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, malheureusement peu connue du grand public, constitue une des grandes lois que la République ait adoptée ces dernières années. Une année de débat au Parlement avait été nécessaire pour adopter ce texte de compromis, comportant virtuellement de profondes avancées pour les personnes handicapées mais, au-delà, pour tous les citoyens.
Force est de constater que cette loi s'est heurtée, de plein fouet, aux conservatismes de notre société et aux lobbies de tout poil ! Et voilà, l'industrie du tourisme qui nous assure de la ruine économique si le principe généralisé d'accessibilité devait s'appliquer réellement au secteur. Et voici, l'éducation nationale qui, au prétexte d'assurer une partie du financement des auxiliaires de vie scolaire, refuse de payer sa contribution au fonds d'insertion des personnes handicapées. Bref, au lieu de chercher les moyens de faire avancer l'égalité réelle, on a laissé prospérer et se multiplier les attaques en règle. Dès lors, il ne faut pas s'étonner que les relations entre les associations de personnes handicapées et les pouvoirs publics se soient tendues ces derniers mois au gré de l'adoption de textes régressifs : remise en cause de l'obligation d'accessibilité, vision purement comptable de l'attribution de l'allocation aux adultes handicapés, désengagement de l'Etat de la politique d'emploi des travailleurs handicapés…
DISCRIMINATIONS
Trois ans après la première conférence nationale, on ne peut que dresser un triste bilan de l'application des annonces et des promesses qui avaient été faites. La politique nationale du handicap ne parvient pas à sortir la majorité des personnes handicapées de leur statut de "citoyens de seconde zone". Si le handicap fait peut-être moins "peur" aujourd'hui, il n'en reste pas moins que le quotidien des personnes handicapées ne s'est globalement pas amélioré. Des milliers d'enfants handicapés restent exclus des écoles publiques de leur quartier. Discriminées, les personnes handicapées le sont aussi pour accéder à un emploi, le taux de chômage étant de manière constante deux fois supérieur à celui du reste de la population. Un accident ou une maladie en cours de carrière professionnelle se traduit encore trop souvent par un licenciement pour inaptitude et la spirale de l'exclusion ; sans oublier tous ceux qui, ne pouvant travailler du fait de leur handicap ou de leur état de santé, perçoivent une allocation qui, même revalorisée, les confine sous le seuil de pauvreté.
Le rendez-vous très formel que constitue la conférence nationale du handicap peut-il être alors de nature à rassurer les personnes handicapées ? Au-delà des discours, les éventuelles annonces devront surtout être mises rapidement en œuvre et reposées sur des engagements financiers inscrits dans les prochaines lois de finances, pour permettre, par exemple, dès la prochaine rentrée scolaire une meilleure intégration des élèves handicapés ou pour redonner au chantier de la mise en accessibilité non pas une ambition catégorielle, mais bien universelle, dans le contexte d'une France vieillissante. Sortons donc le débat sur la politique du handicap d'un cercle d'initiés, et surtout donnons aux personnes handicapées la possibilité de devenir des citoyens à part entière. En cette période pré-électorale, l'enjeu pour le gouvernement n'est pas mince, les personnes handicapées et leurs familles représentant plusieurs millions de personnes.
Arnaud de Broca, secrétaire général de la FNATH, association des accidentés de la vie
Le 8 juin, le gouvernement réunit, en présence du président de la République et de nombreux ministres, la deuxième conférence nationale du handicap, afin, notamment, de dresser un bilan des conditions de vie de près de 10 millions de français. Les discours de satisfaction des pouvoirs publics et les attentes fortes exprimées par les personnes handicapées, dont les conditions d'existence restent discriminantes, risque de présenter un décalage important et être source d'une forte déception.
La loi du 11 février 2005 sur la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, malheureusement peu connue du grand public, constitue une des grandes lois que la République ait adoptée ces dernières années. Une année de débat au Parlement avait été nécessaire pour adopter ce texte de compromis, comportant virtuellement de profondes avancées pour les personnes handicapées mais, au-delà, pour tous les citoyens.
Force est de constater que cette loi s'est heurtée, de plein fouet, aux conservatismes de notre société et aux lobbies de tout poil ! Et voilà, l'industrie du tourisme qui nous assure de la ruine économique si le principe généralisé d'accessibilité devait s'appliquer réellement au secteur. Et voici, l'éducation nationale qui, au prétexte d'assurer une partie du financement des auxiliaires de vie scolaire, refuse de payer sa contribution au fonds d'insertion des personnes handicapées. Bref, au lieu de chercher les moyens de faire avancer l'égalité réelle, on a laissé prospérer et se multiplier les attaques en règle. Dès lors, il ne faut pas s'étonner que les relations entre les associations de personnes handicapées et les pouvoirs publics se soient tendues ces derniers mois au gré de l'adoption de textes régressifs : remise en cause de l'obligation d'accessibilité, vision purement comptable de l'attribution de l'allocation aux adultes handicapés, désengagement de l'Etat de la politique d'emploi des travailleurs handicapés…
DISCRIMINATIONS
Trois ans après la première conférence nationale, on ne peut que dresser un triste bilan de l'application des annonces et des promesses qui avaient été faites. La politique nationale du handicap ne parvient pas à sortir la majorité des personnes handicapées de leur statut de "citoyens de seconde zone". Si le handicap fait peut-être moins "peur" aujourd'hui, il n'en reste pas moins que le quotidien des personnes handicapées ne s'est globalement pas amélioré. Des milliers d'enfants handicapés restent exclus des écoles publiques de leur quartier. Discriminées, les personnes handicapées le sont aussi pour accéder à un emploi, le taux de chômage étant de manière constante deux fois supérieur à celui du reste de la population. Un accident ou une maladie en cours de carrière professionnelle se traduit encore trop souvent par un licenciement pour inaptitude et la spirale de l'exclusion ; sans oublier tous ceux qui, ne pouvant travailler du fait de leur handicap ou de leur état de santé, perçoivent une allocation qui, même revalorisée, les confine sous le seuil de pauvreté.
Le rendez-vous très formel que constitue la conférence nationale du handicap peut-il être alors de nature à rassurer les personnes handicapées ? Au-delà des discours, les éventuelles annonces devront surtout être mises rapidement en œuvre et reposées sur des engagements financiers inscrits dans les prochaines lois de finances, pour permettre, par exemple, dès la prochaine rentrée scolaire une meilleure intégration des élèves handicapés ou pour redonner au chantier de la mise en accessibilité non pas une ambition catégorielle, mais bien universelle, dans le contexte d'une France vieillissante. Sortons donc le débat sur la politique du handicap d'un cercle d'initiés, et surtout donnons aux personnes handicapées la possibilité de devenir des citoyens à part entière. En cette période pré-électorale, l'enjeu pour le gouvernement n'est pas mince, les personnes handicapées et leurs familles représentant plusieurs millions de personnes.
Arnaud de Broca, secrétaire général de la FNATH, association des accidentés de la vie
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